Il y a quelques semaines, j’ai participé à un atelier de permaculture organisé par Terra Madre SA, à Pretoria. Une belle opportunité pour moi de mettre le pied à l’étrier afin de cultiver bientôt mes propres herbes et légumes bio.
[Chers lecteurs, veuillez m’excuser pour l’absence de nouveaux articles depuis quelques temps : One Footprint On The World is on the road! De Johannesburg à Port Elizabeth, en passant par Durban, Kokstad et East London, la connexion Internet n’est pas toujours possible. Je garde toutefois les deux yeux grands ouverts, à l’affut des initiatives et adresses eco-friendly que je partagerai avec vous prochainement !]
Cultiver son jardin
J’ai toujours souhaité avoir un jardin potager, sans jamais pourtant dépasser le stade des tomates cerises rachitiques en pot et du plant de basilic qui finit toujours par faner sur le rebord d’une fenêtre. La faute au manque de temps et de place (même si de plus en plus de personnes réalisent des prouesses jardinesques en milieu urbain, en occupant murs et balcons de leurs petits appartements pour faire pousser de bons légumes aux particules fines).
En nous installant à Johannesburg (où je pense que la qualité de l’air n’est malheureusement pas non plus très bonne), l’un des critères principaux était de trouver une maison avec jardin, dans la perspective de pouvoir me lancer dans le jardinage. Mission accomplie : même si je n’ai pas une place immense et que l’ensoleillement n’est pas optimal, cela sera bien suffisant pour me tester dans le domaine.
Aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours vu mon grand-père s’occuper de son potager, mais j’étais plus intéressée par le produit final que par les méthodes de production… si bien que je n’avais pas trop idée de la manière dont il fallait que je m’y prenne concrètement pour préparer mon propre espace à cultiver : de quoi ai-je besoin ? Comment réaliser des cultures biologiques ? Quand et quoi planter ? Toutes ces questions auxquelles j’aurais pu trouver réponses dans les livres ou sur la toile, mais que j’avais plutôt envie d’aborder de manière concrète, en apprenant directement sur le terrain.
Détenir quelques clés pour démarrer
Depuis un certain temps, je m’intéresse également à la permaculture, une démarche holistique reposant sur les principes suivants : prendre soin de soi, de la terre et des autres en partageant les ressources de manière équitable.
Les définitions sont nombreuses, en voici une qui permet d’appréhender facilement de quoi il s’agit :
La permaculture est une méthode de conception permettant de créer des environnements répondant aux besoins des êtres humains, tout en respectant la nature. Elle est basée sur l’observation et la reproduction des écosystèmes naturels. Elle se fait par une approche systémique, qui vise à interconnecter les éléments du système, pour créer des environnements durables, résilients et répondant aux besoins de tous les êtres vivants. (Source : Association française de permaculture)
De nombreux sites d’experts dans le domaine vous en apprendront davantage sur ce qu’est la permaculture, je ne m’étends donc pas plus sur le sujet.
Une petite recherche sur Internet me permet de m’apercevoir que la permaculture est assez populaire en Afrique du Sud et que plusieurs structures proposent des ateliers sur le sujet, appliqué notamment au jardinage. Bingo !
De fil en aiguilles, je découvre Terra Madre SA, une épicerie offrant des produits frais, locaux, bio qui s’est également donnée la mission de sensibiliser les Sud-africains à l’importance d’adopter un mode de vie durable, notamment à travers une alimentation saine et respectueuse de la planète.
Je participe ainsi fin mai à l’un des ateliers proposés par Gillian O’Shea, de Terra Madre SA, pour apprendre à préparer la terre, qui constitue la base pour cultiver des légumes bons et sains. Au programme : compost, plantes compagnes, vermiculture et No-dig way, selon les principes de la permaculture.
Une journée riche en enseignements
Introduction à la permaculture, analyse de la terre et visite du site
Rendez-vous matinal à Karoo Square, à Pretoria. La journée commence par une petite introduction aux principes de la permaculture, puis nous analysons les échantillons de terre apportés par chacun des participants. Nous apprenons à identifier ce qui différencie un sol riche d’un sol pauvre. De mon pot ne ressort rien de bon : pas de petites bulles signifiant que la terre est riche en oxygène, peu de matières en suspension… cela ne s’annonce pas très bien ! Heureusement, Gillian détient la solution : la méthode No-dig, qu’elle nous expliquera plus tard dans la journée.
Nous enchaînons par une visite de Karoo Square, où les locataires forment une sorte de communauté créative promouvant l’échange de savoir et de savoir-faire. Il y a des artistes (un potier, un créateur de meubles à base de bois recyclé, une galerie d’art…), une pépinière, un incubateur de jeunes entreprises, l’épicerie de Terra Madre SA, un espace d’aquaponie, et bien d’autres encore.
Petite parenthèse éco-culturelle : c’est quoi, l’aquaponie ? Je l’ai moi-même découvert à travers cette visite… il s’agit d’une technique écologique et naturelle originaire d’Australie qui consiste à cultiver des végétaux en symbiose avec l’élevage de poissons. Très intéressant et surtout ultra-efficace dans une démarche de développement durable. Pour approfondir le sujet, je vous invite à consulter ce blog : aquaponie.net
Fabriquer du compost en 20 jours
Nous apprenons ensuite à réaliser du compost en 20 jours.
Le compost est indispensable pour nourrir le sol et favoriser la croissance des végétaux. Il remplace les engrais coûteux achetés dans le commerce, tout en permettant de recycler les déchets ménagers. C’est tout bénéf’, pour soi et pour la planète !
La méthode est simple :
– posez sur le sol du bois sec (branchage) pour permettre une aération au niveau du sol ;
– alternez des couches d’éléments riches en carbone (70% du tas) tels que le carton, la paille, les feuilles mortes, et d’éléments riches en azote (30% du tas) tels que les déchets ménagers (épluchures, coquilles d’œufs, sachets de thé…), le fumier, l’herbe coupée et les plantes hyperaccumulatrices qui ont la propriété de stocker dans leurs tissus des métaux lourds (colza, brocoli, cresson, chou kale, blé…) et arrosez abondamment ;
– le tas devra mesurer 1 mètre de hauteur au minimum pour générer suffisamment de chaleur et produire le compost. Il sera maintenu humide pendant 20 jours, et tourné avec une fourche tous les 3 à 5 jours.
Simple, encore faut-il disposer des différents éléments… je vous tiendrai informés dès que j’ai 20 jours devant moi à la maison pour lancer mon compost !
Il est aussi possible de réaliser son compost dans un container, en accumulant ses déchets de cuisine, mais le processus est beaucoup, beaucoup plus long. On parle alors de fermentation anaérobie (sans air) (bon là, ça devient technique, je m’arrête là avant de dire des bêtises…).
La méthode No-dig
Parlons à présent de la fameuse méthode No-dig que nous a enseignée Gillian. Il s’agit d’une technique de jardinage non conventionnelle qui consiste à cultiver sur n’importe quelle surface, sans bêcher la terre (no dig).
Comment faire ?
– coupez l’herbe sur la surface choisie pour votre futur jardin potager ;
– disposez du carton (non imprimé, sans scotch ni agrafes, contrairement à ce qui est montré sur la photo) sur le sol de façon à former la surface de votre potager ;
– alternez des couche de fumier, de paille et de feuilles mortes sur toute la surface, puis arrosez abondamment (la hauteur atteindra 80 cm environ) ;
– pour finir, recouvrez de paille pour retenir l’humidité.
Cette méthode évite le désherbage et le bêchage fastidieux, tout en enrichissant le sol à long terme. C’est ce que je vais tâcher d’appliquer dans mon jardin. A suivre…
Les plantes compagnes
La nature est bien faite. Et dans un monde naturel, il est tout à fait possible de se passer de pesticides ou d’engrais chimiques, en utilisant les propriétés des végétaux et en les combinant entre eux. Ainsi, le persil aura une bien meilleure croissance s’il est planté à côté de tomates, radis, asperges ou poireaux. Une autre association connue est celle des tomates plantées à côté du basilic qui repousse mouches et moustiques tout en renforçant le goût des tomates. Il est également conseillé de planter en bordure du jardin les œillets d’Inde qui éloignent les pucerons et autres insectes nuisibles. Pour en savoir plus sur les propriétés des plantes et les bonnes associations, je vous recommande de consulter ce tableau simple et synthétique.
Après cet exposé sur les plantes compagnes, nous nous exerçons à planter quelques semis dans le jardin : salade, oignons nouveaux, et quelques pensées… On arrose abondamment et on attend !
Nous abordons ensuite rapidement la vermiculture, mais j’avoue avoir à ce moment-là un peu décroché… je rêvais déjà à mon futur potager et aux bons légumes que nous pourrons je l’espère déguster dans quelques mois : roquette, tomates cerise, basilic, pensées (excellentes en salade), radis, oignons nouveaux…
Cultiver un jardin est je pense très épanouissant : satisfaction de voir pousser ses légumes, de s’en occuper tout en se vidant la tête, de savoir comment ils ont été produits et de les partager avec ses proches. Une pratique altruiste et zen accessible à tout un chacun qu’il me tarde d’expérimenter !
Edit 6/09/2015 : Mon petit potager est né, protégé par l’épouvantail Bascaille ! Roquette, laitue, oignons nouveaux, tomates, basilic, coriandre, menthe, pensées, fraises 🙂
Et vous, avez-vous ou rêvez-vous d’avoir un jardin potager ? Quelles méthodes utilisez-vous ?
Prochainement, je vous conterai l’histoire des jardins communautaires et scolaires biologiques qui poussent aux quatre coins d’Afrique du Sud. Des initiatives intéressantes à plus d’un titre s’inscrivant dans une vraie démarche de développement durable.
A bientôt !
Meli Green Seed
Je pense qu’il est préférable de mettre du carton neutre, sans scotch, étiquettes ou impressions, car l’encre est toxique.
Sino. Merci pour ce partage d’expérience.
Bonjour Jess,
Merci de votre commentaire. Je pense que la formatrice avait pris le carton qu’elle avait sous la main pour nous montrer les étapes à suivre.
Mais effectivement, pour mon propre potager, j’ai choisi du carton non imprimé. Je vais d’ailleurs commencer à planter cette semaine (le printemps arrive à Johannesburg 🙂 J’espère que cela va marcher !
Au plaisir de vous revoir par ici. Bonne journée !